
le journal dans l'art thérapie pratiquée au cabinet - " c'est lorsque l'invisible devient visible que l'opportunité d'être moins dans la fusion avec le ressenti exprimé survient. En effet, le visible a ceci d'avantageux: il donne forme à nos émotions et les distancie de nous afin que nous puissions mieux les observer et en tirer des informations nouvelles. Les formes et les couleurs vont aller chercher des informations difficiles à capter en mots et en concepts, des émotions brutes et des sentis profonds que jamais nous n'aurions pu identifier en n'utilisant que le verbal et le rationnel" Anne-Marie Jobin in " Le journal créatif - à la rencontre de soi par l'art et l'écriture, le dessin et le collage"
Art-thérapeute, je propose depuis de longues années les images, l'écriture, et leurs créations, comme mode d'entrer en relation avec soi, et comme mode d'expression de soi
- tout particulièrement avec les personnes polytraumatisées, que la simple évocation des émotions fait sortir de leur fenêtre de tolérance, ce qui rend toute aide thérapeutique inutile.
- ou lorsque les échanges dans les entretiens sont exclusivement factuels, avec une impossibilité d'accéder aux ressentis, ni de réfléchir au traumatisme, à son impact, à ses conséquences. (il peut y avoir un déni massif de tout problème par la personne venue en consultation). Le recours aux images permet d'accéder progressivement à un début du processus de mentalisation.
- ou pour accompagner le processus d'évolution tout au long de l'accompagnement sophrologique, et, par l'utilisation systématique des images, ritualiser son évaluation.
Pour accueillir de façon médiatisée, contenue, sécurisée et simple, le vécu et les émotions, les dessins et cartes, apporté(e)s par la sophrologue, ou créés par le sophronisé lors de séances d'art-thérapie, permettent, grâce à la métaphore, nouveau média entre le vécu et sa prise de conscience, de produire quelque chose de nouveau, que les mots ordinaires ne peuvent transmettre. (cf Ariane Roch-Fleury et Pascale Tissot in Violences et traumatismes intra familiaux).

"les mots ordinaires transmettent seulement ce que nous savons déjà; c'est la métaphore qui peut le mieux produire quelque chose de nouveau" Aristote
Utilisé auprès de personnes ayant subi des traumatismes, le travail avec les cartes offre un espace de représentations alternatives, des opportunités de changement et d'enrichissement du récit et des ressentis, redistribuant les cartes du destin, et fournissant l'opportunité de trouver des ressources nouvelles, permettant de s'extraire d'un contexte inextricable. La violence, les traumatismes, amènent dans la vie de la victime une fracture en ce sens qu'il lui est impossible d'inscrire l'évènement dans un récit cohérent de sa vie. Une fracture s'opère car l'impossible devient possible. L'impossible dans l'art, comme dans les contes, devient possible, trouvant une place cohérente.
En co-décrivant l'image, il est possible de découvrir d'autres facettes qui éclairent d'autres parties de soi, ce qui va permettre de mettre en mots des expériences de façon différente, de nuancer et d'enrichir le récit, notamment en y ajoutant des émotions enfouies jusque là.